"Naufrages" : un migrant dans la ville
La novella Polaroid d'avril est signée Dominique Delahaye. Cette fois, la péniche est amarrée sur les quais de Seine, à Paris. Les passavants fleuris font face aux tentes Quechua des migrants. Parution mercredi 21 avril.
La vie n'est pas un fleuve tranquille. Dominique Delahaye nous en convainc, livre après livre. Il nuance la suavité d'une route en péniche par des règlements de compte, des violences familiales, des manipulations amoureuses, des trafics mafieux voire des séjours en prison et des explications à l'arme de poing, cf A fond de cale et Si près d'Amsterdam, dans la même collection.
Cette fois, il braque ses projecteurs sur des trajectoires d'exil, en l'occurrence deux jeunes migrants venus d'Afrique, Nafy, le jeune Klinton qui s'est épris d'elle, pris en tenaille par un troisième, un caïd, Bryan. Nafy est le pivot central de cette affaire. Car deux doux rêveurs tentent de l'épauler, Dolorès qui vit sur sa péniche, et Vincent, qui vit de menus boulots dont il tente de s'extirper vite pour aller plaquer quelques accords avec son groupe de musique, dans un garage, sur un boulevard, oui ailleurs. Et deux hommes costauds tentent de la circonvenir, Klinton, et Bryan, qui pour des raisons différentes en veulent à sa douceur à elle, à la tendreté de son corps de jeune femme.
Encore une fois, une novella « coup de poing », dont la tension n'a d'égale que l'efficacité, pour nous mettre dans la figure la violence du monde urbain, la brutalité du désir des hommes, bien loin de Paris-la-romantique et de la bohème du canal Saint-Martin.