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Bureau des manuscrits

Battons notre coulpe : nous étions mauvais. Très mauvais. Non faute d'envie, mais d'organisation et de temps, l'un va rarement sans l'autre. À notre décharge, nous recevons 15 manuscrits par semaine, des gros, des petits, des recueils au sein desquels une nouvelle peut être excellente, l'autre exécrable, des manuels éclairés sur « comment élever son chien » et des fresques métaphysiques, sans compter les envois par mail – que pourtant nous décourageons.

Résultat, il n'était pas rare que nous mettions 6, 9, voir 12 mois à exmanier un manuscrit, n'étions pas toujours en mesure de répondre aux auteurs qui nous relançaient. Qu'on se le dise, c'est fini.
Désormais, dans les locaux d'In8, on trouve un « bureau des manucrits ». Comme tout droit sorti d'une nouvelle de Kafka ou d'un roman de Melville, un bureau bourré d'étagères avec des petites étiquettes en papier et un éditeur qui ouvre, pli après pli, à la fois fébrile et rêveur, cheveux en pagaille, cernes immenses et cigarette au bec, en pensant découvrir peut-être, bientôt, là, dans la seconde d'après, le manuscrit inédit qui va bouleverser sa vie.
Sylvie pourra y exercer son œil bienveillant, mais expert, chaque vendredi après-midi. Lire, trier, repérer les textes qui sont « pour nous », les transmettre aux directeurs de collection et autres lecteurs maison, écrire aux auteurs. Ouf...
Ceci étant dit, l'affaire ne fonctionnera pas sans la bonne coopération, à l'autre bout de la ligne, des auteurs. Quelques règles simples, pour que les choses soient entendues : nous ne lisons pas les manuscrits envoyés par mail (que du papier, que du papier !), nous ne considérons que ceux qui correspondent à notre ligne éditoriale (pas de livres jeunesse, de pratique, de spiritualité, de documentaires, d'images, de manuscrits de plus de 600 000 caractères – donc, en fait, que des nouvelles, ou des romans, littérature générale ou noire), nous ne les renvoyons pas (si nous ne proposons pas d'édition, nous détruisons les manuscrits), nous ne répondons pas au téléphone (nous répondons par mail ou courrier). Nous adorons les lettres d'amour – certains auteurs font preuve de plus de fantaisie et d'adresse dans leurs courriers d'accompagnement que dans leurs manuscrits. Cela ne garantit rien, mais ça fait toujours plaisir. Et nous avons de la place sur les murs du « bureau des manuscrits » pour afficher les plus belles. Y'a plus qu'à. Au boulot !

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