Spectacle littéraire : "Après nous le déluge"
Les éditeurs ont coutume de dire que ce qui est le signe d'un écrivain, c'est la voix. La langue se déploie, l'écriture aligne dans son flux : sujets verbes compléments, adjectifs et adverbes, ponctuations, ellipses.
C'est une tessiture, c'est un rythme et un grain de voix uniques, qui nous donnent le monde tel que seul cet individu, depuis son point de vue, peut nous le tendre.
Yvan Robin est une voix, et à double titre. Il a été chanteur rock. Oui oui. Il officiait alors dans un groupe nommé Les Gens, tout simplement, puis dans l’Œil du maître : Yvan écrivait, composait et déclamait ses textes sur scène. C'est sans doute encore à l'oreille qu'il écrit ses livres. Cette histoire hallucinée qu'est Après nous le déluge, par exemple, épopée que les aèdes grecs auraient pu conter soir après soir, et qui nous livre un monde qui se découd, lors d'une genèse à l'envers, mais aussi la geste d'un fiston et de son père, séparés par la montée des eaux.
Comme une âme réintègre son corps, voici que les deux voix d'Yvan se sont superposées de nouveau. Ce fut à l'invitation du festival Regards noirs, sur la scène conventionnée du Moulin du Roc, à Niort (une scène dans un Moulin ? Diantre ! Elle rappellera aux lecteurs d'Après nous le déluge une mythique rencontre, en haut d'une éolienne). Yvan était accompagné de Kevin Rivière (complice des Gens) et Norbert Labrousse (le Prince Miiaou). Les trois artistes ont offert au public, conquis, une odyssée fabuleuse d'une heure, sorte d'apocalypse à laquelle la beauté des mots, des tableaux, des sons, permet de survivre. On en réchappe comme on surnage : on ne coule pas, toutefois on se laisse emporter par le courant, et à l'arrivée, ce n'est pas désagréable. C'est fort, et on reprend pied sur la rive avec la claire conscience d'être intensément vivant.
Avis aux festivals, théâtres, scènes diverses - la lecture musicale « Après nous le déluge » peut être programmée. Contact et fiche technique fournis sur demande (Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.). Pour écouter, c'est ici :