Fin d'exploitation, de Denis Flageul

Publié le 31 août 2020.

La crise agricole, en terre bretonne, ça vous dit quelque chose ? Des paysans qui nourrissent la France avec leurs laitières, et qui ne parviennent pas à joindre les deux bouts en dépit de journées harassantes. Des éleveurs harcelés par les banques et les assureurs, lesquels leur collent de nouveaux crédits sur le dos avant de saisir la ferme.

Denis Flageul nous donne à comprendre cette réalité dans un polar touchant qui paraîtra le 15 septembre. Point d’apitoiement facile : notre guide ne sera pas la victime, mais Goulven, le voisin, le copain, qui se retrouve physiquement et moralement au milieu de tout ça. D'ailleurs, Goulven, on a le sentiment qu'il a le chic pour se retrouver au milieu du gué, comme un Pierre Richard en triste, encombrant, encombré de lui-même et des coups de sang passés dans lesquels il patauge. Notre homme se retrouve seul à l'issue d'une séparation difficile. Quasiment déchu de ses droits parentaux, il vient de prendre congé de son boulot de prof, histoire de prendre un peu de recul. Il s'occupe les bras et les méninges en retapant la maison, et on comprend qu'il tâche de se reconstruire un peu lui-même. A sa droite, Fabien et Laura, éleveurs laitiers donc, qui peinent à maintenir l'exploitation à flots. La belle Laura est vraiment, vraiment très proche, là, à portée de main. A sa gauche, un couple de jeunes, Soaz et Mouss, qui tentent de s'inventer une vie d'adultes dans un squat, cornaqués par un troisième, Gusto, qui ne maîtrise pas vraiment ses nerfs. Voilà pour le premier cercle.

Le deuxième : des charognards, des maraudeurs, des courtiers en investissements agricoles, qui se rapprochent dangereusement de ce coin de Bretagne à bord de 4x4 rutilants. Troisième cercle : des gendarmes qui enquêtent sur les voies de faits et les petits braquages qui se multiplient dans les bleds alentours, et bientôt des flics, cette fois ça rigole moins, du sang est venu éclabousser une partie fine à proximité.

A l'issue du roman, le bois d'en-haut comptera bien moins de locataires. Et Goulven, qui souhaitait se ranger des voitures, Goulven qui se retrouve toujours au beau milieu de tout ça, aura-t-il survécu aux tirs croisés ? Ou aura-t-il été plus malin que les autres, avec ses airs de ne pas y toucher ?

Fin d'exploitation, de Denis Flageul
sortie le 15/09/2020
248 pages