1944, Lestelle-Bétharram, Basses Pyrénées.
Sur dénonciation, les enfants juifs de la colonie de La Croix des Hauteurs sont arrêtés par les polices françaises et allemandes. Seul le petit Léon Adler en réchappe.
Soixante-dix ans plus tard, l’identité du coupable délateur fait la une des journaux.
Samuel Adler, fils de l'unique survivant, et Marie, fille du présumé dénonciateur, décident de faire équipe pour établir la vérité. Ils découvrent bientôt que dans cette France « libre », les silences des uns se heurtent aux connivences des autres. Et que deux générations plus tard, les consciences sont encore au secret.
Se jouant des codes du polar qu'il maîtrise parfaitement, Gilles Vincent signe un roman familial bouleversant sur l'Occupation et la déportation. À travers l'histoire personnelle de Marie et Samuel, surgit ce siècle terrifiant dont ils n'ont traversé que la fin. Ils en sont pourtant les enfants, fragiles témoins de la mémoire des autres.
Ce qui séduit le lectorat de Gilles Vincent, c'est qu'il emmène. Dès les premières pages de la fiction, dès les premiers mètres, la charge est amorcée, le lecteur embarqué : on déroule. Pourtant, cette fois, ce n'est pas dans l'action d'un polar bien troussé, dopé par l'adrénaline d'une brigade de policiers. Dans la douleur du siècle est une investigation de l'intime, de la mémoire, jusqu'au gouffre de la shoah. Gilles Vincent nous conduit avec une infinie délicatesse, empruntant l'apparence anodine d'une famille, un petit coin de Bearn, ses pavillons, ses maisons de retraite. A travers cette apparente banalité, l'auteur nous apprivoise, nous rassure, nous prépare à recevoir l'émotion du drame. Il nous ménage, non pas pour amoindrir les faits, mais à l'inverse, pour que nous gardions les yeux bien ouverts, et que nous prenions l'exacte mesure de l'horreur.